• Dans l'armoire

    Les tribulations d'un cloporte - Episode 09

     

     

    Quel gâchis, une drôlesse si bien roulée...pour une fois que ce morpion de Cupidon v'nait cogner à ma lourde avec dans son cabas un joujou de cet acabit...

     

    Mais j'ai pas vraiment le loisir de m'apitoyer, j'dois bosser des méninges et faire le ménage...

    Le souci avec les macchabées, c'est qu'ils rechignent à se laisser manipuler.

    Et en l'occurrence, le beautiful body sans vie semble y mettre du sien pour me compliquer la tâche et aussi exquis soit-il, je dois m'en débarrasser d'urgence.

    Je ne peux en aucun cas laisser ainsi Bety se pavaner avec pour tout costume son envoutante nudité accessoirisée pour l'occase d'un ustensile de cuisine tranchant fiché dans le dos.

    Je ne saurais dire depuis combien de temps elle poireaute ainsi inerte dans mon plumard mais je suis tout de même surpris par la raideur excessive de la belle décédée.

    N'étant pas expert en cadavres, cette remarque n'a cependant que peu de chance de retenir mon attention plus que de raison.

    Pour tout dire, je suis sacrément désemparé...

    C'est alors que mon fidèle félidé, le dénommé Andco, pointe son museau de greffier sans pedigree.

    Le cat-pattes est toujours prêt à me soutenir dans mes tentatives les plus désespérées et elles sont légion lorsque je cherche maladroitement à sortir la tête des eaux saumâtres de mon triste quotidien en gesticulant comme un caillou pour éviter la noyade.

    Le voilà qui vient gratter la porte de mon armoire en pin des Vosges manufacturée en Corée.

    Décidément, cette bestiole a de la suite dans les idée mes aminches...

    C'est donc entre ces quatre planches que l'ancienne starlette des bas fonds va remiser ses appâts désormais aussi froids qu'un poisson carré pêché par captain Igloo.

    Après une bonne suée et des négociations serrées, Bety accepte enfin de se dissimuler dans ma penderie non sans me tirer une tronche qui en dit long sur son mécontentement...mais je m'empresse de lui assurer que cette inconfortable situation ne sera que temporaire.

    Faut dire que la pauvrette a quelque peu perdu de sa superbe de madone et sa position, pour le moins acrobatique, est certes digne d'un spectacle de contorsionniste de cabaret mais guère avantageuse visuellement parlant.

    Quoi qu'il en soit, le ridicule ne risque pas de la tuer de nouveau, alors elle devrait pouvoir s'en accommoder sans trop de peine.

     

    Je reste là encore un moment, le séant posé négligemment sur les draps que nombre d'écrivaillons à la manque auraient prétendu maculés de sang...les cons!

    Pour ne rien vous cacher, je dirais que j'ai connu situations plus réjouissives...mais ça n'a rien d'un scoop car même si je trimballe les calamités comme un cheptel de morbacs dans un slip kangourou, cette fois ci je viens d'atteindre le nirvana de la loose, le firmament de la poisse, le point culminant de ma carrière de fiente...je suis vraiment dans la panade et c'est peu de le dire!!!

    Pour mézigue, l'ennui avec le bonheur, c'est le retour de manivelle que je m'prends en pleine trogne à plus ou moins brève échéance...de toutes les manières, ya vraiment pas de répit pour les ratés, les gueux, les misérables, les mendigots, les indigents, les malandrins, les traîne-misère et les cloportes...pour les quidam de mon espèce, la vie est une foutue trainée d'une sournoiserie sans nom, elle usine hardi la bougresse, sans remord et surtout sans coup férir!!!

     

    Il est sept heures au réveil et la radio s'met à gueuler...

    J'me souviens pas d'avoir mis l'alarme...d'autant que depuis des lustres j'me réveille quand bon me semble, c'est à dire assez tôt dans l'après midi.

    Le taf et moi n'avons que rarement l'occase de nous côtoyer et certainement pas en contrat longue durée...nous n'avons guère d'affinités.

    Sans doute Bety avait-elle un rencard...et j'ai dans l'idée que la p'tite poulette s'ra pas à l'heure.

    Un journaleux commence à bonnir les infos du jour sur un ton monocorde et peu impliqué...trois pauvres minutes lui suffisent à faire le tour complet des misères du monde...c'est carrément dingue!

    Après un jingle pathétique qui me promet du miel pour les esgourdes pendant des plombes sans pub, v'là que m'ssieur Marvin me gratifie de son très bon « The Dock Of The Bay »*...

     

    Putain...la journée va être longue et chui pas vraiment pressé d'en découdre avec elle alors autant s'apaiser un brin les neurones...!!!

     

     

    à suivre...

     

    *à écouter dans la rubrique bande son


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  • Commentaires

    1
    Samedi 13 Novembre 2010 à 16:19

    un sincère et grand bravo ! superbe dans le sordide maitrisé

    2
    robertandco Profil de robertandco
    Samedi 13 Novembre 2010 à 16:22

    ROOoo merci Mister Jauzenque...   :)

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