Les tribulations d'un cloporte - Episode 01
 

C'matin, je m'éveille de bonne heure et de mauvaise humeur...comme d'habitude.

Sans grande conviction j'pose mon pied gauche, puis le droit, sur le terrain accidenté de ma petite existence.

Je collectionne « les jours sans » depuis belle lurette, alors pourquoi en serait il autrement aujourd'hui.

Trainant ma carcasse endolorie jusqu'à la salle de bain, j'me plante devant le miroir qui me renvoie la mine déconfite d'un bonhomme à la trogne cabossée.

Mère nature m'a pas gâté, c'est certain...et la vie a fait le reste la bougresse!

Désireux d'un peu de réconfort, je m'en vais saluer mes amis du petit déjeuner...le café noir, les trois biscottes et le jus de carotte vont me donner l'énergie suffisante pour rallier le vieux fauteuil club élimé ou j'pourrais caler mon séant de bipède statistiquement inutile.

Avec désinvolture, le boitier extra plat qui me fait face s'anime et balance les images du monde.

J'coupe le son...j'n'en voit pas la nécessite...les news du jour semblent bigrement identiques à celles de la veille et l'avant veille...alors ma vue, même médiocre, devrait suffire à la comprenure.

Je préfère me ravir les esgourdes avec un peu de musique qui accompagnera bien avantageusement les actualités.

Ainsi, pendant que B.B.King caresse de ses paluches expertes les six cordes magiques de Lucille en grognant un « The Trill Is Gone »* de bon aloi, le monde défile devant moi dans toute sa splendeur...

J' y voit Benoît le seizième arborant son costume de carnaval avec dentelles et espadrilles cousues d'or jacqueter pédophilie à ses oilles indisciplinées,
les gendarmes du monde faire la circulation en Afghanistan,
la nature martyrisée rendre peu à peu la monnaie de ses pétrodollars à l'homme,
les uns massacrer la contestation sans coup férir,
les autres se faire sauter le caisson dans le dernier métro,
et des pauvres bougres désespérés séquestrer des patrons désespérant...

« The trill is gone away »...braille le vieux bluesman en stéréo...

Putain, moi aussi j'aimerais bien me barrer ailleurs...

Je met alors un terme à mes pérégrinations télévisuelles pour aller me griller une petite blonde sur la terrasse.

En se début de printemps, le soleil brille...même pour moi...les oiseaux chantent...et moi aussi... « All I can do is wish you well »...!!!



*  à écouter dans la rubrique Bande son